Kariouk Architects présente son nouveau projet, Forest Retreat, un refuge familial situé en au cœur de la forêt ontarienne, désirant répondre aux exigences programmatiques en se connectant à son environnement.

Les clients de cette maison vivent à l'étranger mais recherchaient une propriété canadienne pour leur famille nombreuse et leurs invités. Pendant les vacances d'été et d'hiver, les parents voulaient que leurs enfants soient immergés dans un paysage ontarien semblable à celui dans lequel ils ont été élevés. Ils ont demandé une maison généreuse permettant aux jeunes adolescents, à la famille élargie (et aux gros chiens) de se sentir à l'aise dans une région isolée pour de longs séjours, et qui encouragerait des activités telles que la randonnée et la raquette à neige.

Historiquement, l'identité canadienne a été définie par notre relation à la terre. Conformément au mandat du client, la maison honore ce lien émotionnel par l'harmonisation visuelle et matérielle avec son environnement, mais aussi par l'approvisionnement responsable en matériaux et l'adaptation du site, ainsi que par des systèmes d'économie d'énergie.

L'une des principales contributions du projet à la région est qu'il préserve la quasi-totalité du paysage qu'il occupe : une zone rocheuse existante surplombant une prairie de fleurs sauvages, ce qui a permis d'éviter la coupe d'arbres. La quasi-totalité de l'habitat naturel de la propriété de 100 acres a été préservée, y compris ses zones humides.

Sous un même toit
L'un des principaux objectifs de la conception était de parvenir à une approche contemporaine de la chaleur et d'éviter les formes modernistes en forme de boîte. L'espace continu de la maison, où seules les chambres et les salles de bains sont fermées, est un aménagement qui favorise la proximité de la famille. Les espaces réservés à la famille et aux parents se trouvent au niveau principal. Les chambres des enfants forment un volume unique revêtu d'ardoise, suspendu à 12 mètres au-dessus du sol principal par la poutre faîtière et accessible par une passerelle.

L'aspect le plus distinctif de la conception est le long toit en forme de tente, recouvert de cuivre, qui suit la topographie du site. L'un des principaux défis techniques était la structure du toit qui, malgré ses 60 mètres de long, a été conçue et fabriquée pour paraître légère. Du côté de l'entrée de la maison, le toit s'élève comme une aile d'oiseau au-dessus du volume du garage, abritant une terrasse extérieure.

Le toit et sa poutre faîtière revêtue de chêne chorégraphient les méandres de la circulation à l'intérieur de la maison, prolongeant finalement la vue vers la forêt.

Une approche contemporaine de la chaleur et de la proximité
Ce projet a permis d'établir une référence pour un niveau plus fin et plus réfléchi d'artisanat et de matérialité. Le développement de la conception de cette maison réinterprète le mandat du client pour la « rusticité » en mettant l'accent sur la  « marque de la main » plutôt que d'essayer d'imiter une esthétique qui émerge d'une ère pré-machine. La construction contemporaine est très liée à la technologie lourde et aux composants produits en masse, mais ce projet montre comment l'« artisanat humain » peut encore s'exprimer.

La maison célèbre la « marque de la main » en incorporant un grand nombre de ferrures apparentes fabriquées par des artisans locaux, et des panneaux sur mesure pour les murs et les plafonds fabriqués par des menuisiers locaux, y compris l'écho des modèles traditionnels de toiture en ardoise - ici utilisés pour les murs. L'objectif n'est pas d'éviter les méthodes de construction modernes, comme c'est le cas, par exemple, pour certaines maisons en bois massif à poteaux et à poutres. L'intention était d'apporter une âme à la maison en réfléchissant et en résolvant les détails en personne et à la main, et pas seulement sur un écran d'ordinateur.

Développement durable
Dans le cadre de ce projet, nous avons recherché la durabilité sur plusieurs fronts.

L'une des approches clés est la préservation de l'habitat. La maison a été construite sur un site déjà défriché au sommet d'une colline, surplombant 100 acres de forêts, de prairies et de zones humides. Cela permet non seulement d'éviter d'abattre des arbres pour construire la maison, mais aussi de faire des propriétaires les gardiens de vastes habitats naturels existants qui abriteront des oiseaux et d'autres espèces sauvages.

La deuxième approche principale de la durabilité consiste à réduire l'empreinte carbone de la maison en maximisant sa durée de vie, principalement grâce à l'utilisation de matériaux très durables, de méthodes de construction robustes, d'un savoir-faire artisanal attrayant et d'un design à la fois beau et pratique. Il faut espérer que la beauté pratique et simple de la maison permettra de la chérir pendant de nombreuses années, même si elle est vendue. Parmi les détails qui vont dans ce sens, citons les ferrures apparentes fabriquées par des artisans locaux et les panneaux sur mesure pour les murs et les plafonds fabriqués par des menuisiers locaux (dont certains font écho aux tuiles d'ardoise utilisées à l'extérieur). Si la maison est un jour rénovée ou même démolie, nombre de ces matériaux méritent d'être réutilisés.

L'autre moitié de l'équation de la durée de vie est l'utilisation de matériaux durables qui préserveront l'enveloppe avec un minimum d'entretien, voire aucun. L'ardoise canadienne et le chêne blanc canadien récolté de manière durable ont été les principaux matériaux utilisés. Le fait qu'ils soient également locaux réduit l'empreinte carbone du transport.

La maison utilise également plusieurs techniques pour réduire la consommation d'énergie. Le toit est très bien isolé et les parois vitrées sont à triple vitrage, ce qui réduit considérablement les pertes d'énergie. L'avancée profonde du toit réduit également les apports solaires passifs en été. La maison est chauffée et refroidie à l'aide d'une pompe à chaleur géothermique. Parce qu'elle est alimentée par l'électricité, une pompe à chaleur a une empreinte carbone beaucoup plus faible que la méthode de chauffage la plus populaire, le gaz naturel, un combustible fossile (le réseau électrique de l'Ontario est actuellement exempt d'émissions de GES à environ 90 %). Les pompes à chaleur géothermiques peuvent non seulement fonctionner à des températures beaucoup plus basses que les pompes à chaleur à air, mais elles consomment également moins d'électricité. Les appareils sanitaires et la fosse septique sont à haut rendement, ce qui garantit une utilisation responsable de l'eau. 

Forest Retreat répond au mandat du client en honorant son lien émotionnel avec la terre par une harmonisation visuelle et matérielle avec le paysage environnant.