Le projet multi-résidentiel Cité Angus Phase II est situé en tête de l’Îlot central du Technopôle Angus, un projet de requalification urbaine orchestré par la Société de développement Angus (SDA). En périphérie du quartier Rosemont-La Petite-Patrie à Montréal, le Technopôle Angus s’inscrit dans une approche intégrée de développement durable, de revitalisation et d’accès à la propriété pour des familles qui souhaitent s’installer au cœur de la métropole. Le secteur du quartier comprend une mixité d’espaces verts, de places publiques, de restaurants, de commerces et services de proximité, d’espaces à bureaux et de bâtiments résidentiels. Certifié « LEED Neighbourhood Development » Platine, le Technopôle se veut une humble réponse à l’échelle locale aux défis contemporains de pénurie de logements et d’exode des familles en banlieue montréalaise.

Le projet du bloc 4, baptisé Cité Angus Phase II est un bâtiment de 6 étages comprenant 88 logements de types condominiums et incluant deux petits locaux commerciaux au rez-de-chaussée face à la place publique. L’hétérogénéité du contexte bâti avoisinant, la volonté d’offrir une identité propre à chaque bâtiment, conjuguée avec un programme dense à implanter sur un site exigu d’une forme atypique, sont un résumé des grands défis du projet, transformés en opportunité d’innovation dans le traitement des différentes interfaces résidentielles.

Le projet, dont la construction s’est terminée en 2023, vise aujourd’hui la certification « LEED pour Habitations Or ».  En effet, depuis le choix de l’implantation sur le site, la volumétrie, les choix de matériaux et des systèmes électromécaniques, le projet a été réfléchi avec le souci constant des concepts de développement durable, mais aussi avec une volonté ferme de prioriser la qualité de vie de la communauté qu’il dessert. Le projet adhère aux principes du développement du territoire axé sur le bien-être et le partage. L’atteinte d’une densité critique permet la mise en place de stratégies visant l’économie d’énergie, la consolidation des transports alternatifs, le développement des équipements collectifs qui sont tous nécessaires à la transition socioécologique en cours.

Le bâtiment prend la forme de deux volumes qui se font face laissant place à une cour intérieure traversant son centre. L’intégration de cette cour dotée d’un parcours piéton, d’espaces privés et d’aménagements paysagers au cœur du projet permet une perméabilité avec le tissu urbain, encourageant ainsi l’appropriation humaine au centre du site sans compromettre l’objectif de densité minimum du programme. Cet espace vert à la fois intime et public, contemplatif et appropriable est un terreau fertile visant à provoquer des échanges et interactions sociales entre les usagers. Il offre un environnement flexible, sécuritaire et propice aux rencontres informelles intrinsèques à une communauté inclusive. Les usagers guidés vers la cour intérieure y découvriront un escalier hélicoïdal monumental au centre d’un réseau de coursives extérieures et s’érigeant sur l’ensemble des étages. Cet escalier architectural et les circulations en coursives encouragent naturellement le transport actif en permettant aux résidents d’avoir accès à leur logement directement à partir de l’espace public. Ces choix conceptuels maintenus tout au long de l’élaboration du projet appuient les grandes lignes directrices du projet, soient : la densité, la diversité des typologies résidentielles répondant à des besoins évolutifs, l’accès à la lumière naturelle et des vues de qualité, la biophilie, et l’intégration d’espaces extérieurs à l’échelle des familles d’aujourd’hui.

Pour contribuer à l’atteinte de l’ensemble des objectifs de développement, l’articulation de l’enveloppe du bâtiment a été réfléchie afin d’offrir deux traitements distincts selon sa localisation; soit celui des façades extérieures en interface directe avec le contexte urbain et celui des façades faisant face à la cour intérieure. Sur les façades extérieures, un habillage d’une deuxième peau métallique perforée et diaphane, inspirée du patrimoine industriel du quartier, s’articule au rythme des balcons. De façon à maximiser l’ouverture du bâtiment sur le parc Jean-Duceppe, la résille métallique appliquée près de l’enveloppe du bâtiment longe et anime la façade ponctuée de balcons en saillie se projetant sur la rue Augustin-Frigon. Sur les autres façades orientées vers l’extérieur du site, la même résille métallique se détache complètement et s’éloigne de l’enveloppe du mur extérieur faisant place à un réseau de coursives et balcons continus qui se déploient sur l’ensemble du périmètre du bâtiment. Cette double peau agit ainsi comme garde-corps pour les balcons généreux, assure l’intimité des résidents et contribue à dynamiser et à enrichir la tectonique architecturale du projet.

Sur les façades qui se retournent face à la cour intérieure, les coursives continues habillées d’une deuxième peau sont interrompues de façon à maximiser l’apport de lumière naturelle dans les logements. En retirant la deuxième peau formée par la résille métallique perforée, la première peau se voit révélée, exposant le fractionnement du bâtiment en deux volumes distincts, dévoilant le cœur du projet et son identité propre. Le revêtement métallique clair de l’enveloppe et la couleur vive cuivrée des garde-corps des coursives de circulation présents dans la cour intérieure contrastent la matérialité plus sobre et monochrome des interfaces publiques. Ce choix contrastant permet de maximiser la luminosité dans la cour intérieure. Le dynamisme de cet espace révélé entre les volumes est mis en valeur par la combinaison des balcons individuels distribués en quinconce animant les façades transitoires entre l’extérieure et l’intérieur, le tout renforci par la présence de l’escalier central. La matérialité de l’escalier, colorée d’un revêtement métallique rappelant le caractère industriel de l’acier corten, présent ailleurs dans le Technopôle Angus, lui confère un caractère distinctif rappelant les escaliers hélicoïdaux des arrière-cours typiquement montréalaises.

Le développement des unités d’habitation a été réfléchi de façon à assurer la versatilité et l’adaptabilité des espaces et afin de refléter la grande diversité des besoins des familles d’aujourd’hui, celle-ci étant accentuée par la transition des modèles de conciliation famille-travail durant la pandémie. À travers le bâtiment, certains logements sont sur 2 niveaux, certains sont traversants, certains sont accessibles par le système de coursives extérieures et d’autres par un corridor central intérieur desservi par un ascenseur. Tous ont été développés avec souci constant d’équité, d’accessibilité, et d’inclusion, pour l’accès à un environnement sain, efficace et durable. Ces valeurs humaines guidant les décisions d’aménagement sont appuyées par l’utilisation de matériaux locaux de source durable et à faible émission de contaminants ainsi que par l’intégration d’équipements à faible consommation d’eau et d’énergie.

Le projet s’insère ainsi dans une vision intégrée de densification du tissu urbain et se veut un exemple inspirant de développement durable et d’innovation sociale essentielle dans un contexte sociétaire contemporain où chaque intervention sensible peut faire la différence.