Pour faire face à la forte croissance de son équipe, qui a doublé en quelques années, Jodoin Lamarre Pratte architectes a procédé à la modernisation de ses bureaux en trois phases : la construction d’un agrandissement de 516 m² vers l’est sur la rue Rachel, le réaménagement intérieur des 2e et 3e étages de l’ancien bâtiment industriel situé en face des Ateliers Angus, acquis à la fin des années 1970, et le réaménagement du rez-de-chaussée.

Pour la firme, c’était l’occasion de démontrer son savoir-faire, sa capacité à développer des techniques de construction avant-gardistes, son engagement pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et son soutien à la Charte du bois du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). C’était aussi l’occasion de repenser l’espace en fonction des nouveaux besoins de l’équipe, de le décloisonner davantage afin de favoriser la lumière naturelle et de retrouver le plaisir d’être ensemble. Offrir un environnement de travail agréable et propice à la créativité et au bien-être du personnel était primordial, de même que privilégier des matériaux naturels, des couleurs sobres et des aménagements épurés mettant en valeur la structure exposée de l’existant.

Multiplier les occasions d’échange et de collaboration 

Le nombre de postes de travail a été augmenté sans compromettre les dimensions standards privilégiées par la firme, et l’offre aux employés a été largement bonifiée. De nombreux éléments ont été ajoutés ou redessinés : une aire de repas spacieuse avec une cuisine et un comptoir café, un toit-terrasse, de nouvelles salles de réunion vitrées équipées pour les vidéoconférences — dont une grande salle multifonctionnelle pourvue d’une cloison de verre rétractable —, une nouvelle réception, une nouvelle matériauthèque, un atelier consacré à l’idéation et à la confection de maquettes et d’objets, un coin barista avec cuisine d’appoint, un rangement intérieur pour les vélos et une douche pour les cyclistes.

Valoriser le patrimoine et l’art local 

Pour les phases de réaménagement, l’équipe de conception a tenu à respecter le patrimoine bâti en minimisant ses interventions sur l’existant et en privilégiant des aménagements épurés et sobres pour mettre en valeur la structure exposée de l’ancien bâtiment — vestige de l’époque industrielle du secteur.

L’aménagement d’une grande aire ouverte au rez-de-chaussée offre plusieurs possibilités. L’espace, à la fois flexible et propice aux rassemblements, a été aménagé avec des postes de travail non assignés et une porte de garage ouvrant sur la cour intérieure. Élément signature, la structure de bois au plafond anime l’espace et suggère un point de rassemblement. En plus d’avoir des propriétés acoustiques et d’intégrer les appareils d’éclairage, elle offre une atmosphère chaleureuse et reposante. Clin d’œil au programme d’identité de la firme par sa grille orthogonale et à la structure de l’agrandissement par l’utilisation du bois, ses détails d’assemblage rappellent aussi des pièces de mobilier dessinées et fabriquées à l’interne il y a plusieurs décennies.

Sensible à l’impact de l’art sur le bien-être et à l’importance de son intégration soignée à l’architecture, la direction a fait l’acquisition de nouvelles œuvres dans le cadre du projet. Cette initiative a permis de mettre en valeur le travail diversifié d’artistes locaux contemporains, tels que Nicolas Baier, Geneviève Cadieux, Chromogenic Curmudgeons, Jeanette Johns, JJ Levine et Élisabeth Picard. Un concours d’art numérique a également été organisé à l’interne pour stimuler la créativité des employés et animer un grand écran de l’atelier au rez-de-chaussée.

Miser sur l’innovation et la durabilité 

Pour l’agrandissement, la firme s’est donné le défi de construire en bois à un coût comparable à celui d’une structure en béton. Le développement d’une solution novatrice composée d’une structure mixte d’acier, de béton et de bois d’ingénierie qui a permis au projet de se qualifier au Programme de vitrine technologique pour les bâtiments et les solutions innovantes en bois du MFFP. Depuis la rue Rachel, la façade vitrée montre la structure en bois tout en offrant aux employés une vue plancher plafond. Le soir venu, le volume devient une boîte lumineuse, théâtre de l’activité qui s’y déroule.

Pour toutes les phases du projet, le bois a été exploité pour ses qualités structurelles, esthétiques et acoustiques. Le profilé cannelé (ou en dents de scie) dessiné sous les dalles permet d’absorber davantage le son qu’une surface plane tout en rythmant la composition architecturale. La chaleur du bois a été utilisée pour diffuser la lumière naturelle et artificielle et maximiser le confort — tant pour l’agrandissement que pour le plafond du rez-de-chaussée.

Pour la construction de la terrasse au toit — un lieu convivial utilisé par les employés durant les pauses ou pour la tenue d’événements —, le cèdre rouge a été choisi pour sa résistance supérieure au gauchissement, à la torsion et au fendillement. En plus de s’adapter aux grandes variations de climat, cette essence de bois comporte une huile essentielle qui agit comme une barrière contre la moisissure et des propriétés acoustiques en amortissant la transmission du son. Le cèdre rouge est renouvelable et provient généralement d’exploitations réglementées de l’Ouest canadien. N’ayant besoin ni de teinture ni de vernis pour le protéger, il devient naturellement gris avec le temps.

Plusieurs autres principes de développement durable ont été appliqués au projet afin de réduire son empreinte carbone :

• Le béton structurel a été poli sans ajouter de revêtement de plancher ;
• Ladalle a été laissée exposée au plafond — réduisant ainsi le carbone intrinsèque et les déchets et facilitant l’accessibilité pour l’entretien des installations électromécaniques ;
• La réduction du recours à l’éclairage artificiel grâce au décloisonnement des espaces, à la conception d’un mur-rideau haute performance et à l’aménagement de surfaces claires pour les murs, le mobilier, les conduits et le plancher amplifiant la clarté du jour ;
• Le remplacement des systèmes mécaniques avec des appareils plus performants ;
• L’installation d’appareils d’éclairage à DEL équipés de contrôles permettant d’ajuster la luminosité selon l’intensité de la lumière naturelle ;
• Privilégier le contact avec la nature en intégrant de nombreuses plantes et végétaux (biophilie) ;
• L’aménagement d’un grand rangement intérieur pour les vélos et d’une douche pour les cyclistes pour promouvoir la mobilité active ;
• Le remplacement des membranes pour une toiture à granulés blancs ;
• L’installation de dispositifs de rétention d’eau sur la toiture pour soulager le réseau d’égout pluvial.