L’histoire de la ville de Mont-Saint-Hilaire, au sud du Québec, est intimement liée à la montagne et à la rivière que la collectivité a choisie pour s’y installer. C’est d’ailleurs sur son flanc nord que s’enracine l’institution académique du Collège Saint-Hilaire. Fondé en 1964, ce collège privé mixte dispose d’un environnement exceptionnel, propice à l’apprentissage et au développement des jeunes étudiants qui le fréquente.

Depuis sa conception, l’établissement d’origine fut rénové à diverses reprises, sans toutefois pleinement capitaliser sur son positionnement stratégique au pied de la montagne. Typique de l’architecture des années 1960, avec comme intention architecturale la prévalence de l’horizontalité et une fenestration en caisson, le bâtiment d’origine oriente ses ouvertures vers la rivière, le champ et la ville. Dans un souci de respecter le langage architectural de l’établissement, l’agrandissement reprend la linéarité en s’intégrant harmonieusement à son contexte, et modernise du même coup l’aménagement plutôt traditionnel des espaces d’apprentissages, des classes et des espaces de circulation.

Souhaitant répondre aux besoins programmatiques et spatiaux de l’école, l’équipe de KANVA s’est rendue sur place afin de définir les exigences du projet. La tenue d’ateliers de discussion et de médiation comme outil architectural est une méthode privilégiée par la firme. Favorisant la compréhension et l’inclusivité, ils offrent l’opportunité aux futurs occupants de faire partie du processus, mais aussi aux architectes de ressentir intimement les besoins du client et de s’imprégner de l’ambiance des lieux. Cette technique suggère une lecture plus sensible du mandat, offrant au projet une identité forte et à l’image de ses usagers. Les principaux éléments du programme architectural sont ainsi définis : des classes additionnelles, des salles étudiantes et des espaces multifonctionnels favorisant des activités artistiques et de performance.

S’inspirant du contexte naturel avoisinant, ainsi que des valeurs de fraternité et de partage du collège, l’Arbre apparaît comme un outil symbolisant les multiples connexions du projet, une image forte servant de repère au concept architectural. Protagoniste de la forêt, sa présence intrinsèque à son milieu évoque la pluralité des liens qu’il crée. De ses branches naissent de multiples possibilités, toutes construites autour des besoins et des conditions inhérentes au site. Il représente une connectivité, des racines à la cime, ayant en son cœur le développement des étudiants sur trois échelles distinctes :

Extra – Un lien avec la nature et l’extérieur, mais également avec la communauté du campus dans son contexte, soit la ville de Mont-Saint-Hilaire. Ceci permettant aux élèves de saisir et de définir leurs responsabilités comme acteurs principaux de notre société de demain.

Inter – Une connexion entre les différentes composantes et les individus liés au collège, tout en suggérant aux étudiants diverses manières d’apprendre à vivre harmonieusement en communauté et à interagir avec sagesse avec son environnement immédiat.

Intra – Un lien qui favorise le développement humain et intrapersonnel des élèves, dans l’idée de leur permettre de découvrir et de cultiver leur apprentissage, mais aussi leurs qualités et leurs intérêts. Ceci tout en favorisant le développement d’un sentiment d’appartenance à l’établissement.

L’agrandissement s’articule ainsi comme un vase communiquant, un espace récepteur entre le passé construit et naturel. Il devient une pause entre l’existant et le nouveau, un entre-deux habité. Cet interstice largement fenestré assure aux espaces de circulation verticale et horizontale une connexion constante avec l’extérieur. L’aménagement lumineux et organique, conçu en étages et misant sur un jeu d’opacité et de clarté, de transparence et d’ouverture, offre aux usagers un lieu à échelle humaine.

Ce nouvel espace favorise la socialisation des élèves en leur apprenant à vivre avec autrui dans une société pluraliste. Le lieu facilite la transition, parfois délicate, de l’enfance à l’âge adulte. En leur permettant de développer leur maturité et d’acquérir des méthodes de travail efficaces, ils ont l’opportunité de devenir des citoyens engagés et soucieux de leur environnement. Ceci matérialise, par la même occasion, la vision de l’institution : Apprendre, c’est dans ma nature.

Les concepts de connectivité et de l’Arbre se déploient également à travers la matérialité. En plus d’une vaste utilisation du bois, la forêt est mise en forme sur l’enveloppe extérieure par une expression graphique évoquant la texture du feuillage. Cette forme oblique et suggestive met de l’avant un jeu de densité varié pour dynamiser les façades. Ce rythme aléatoire, par ses proportions, sa hauteur et son horizontalité, entre directement en dialogue avec l’établissement d’origine. Grâce à ce lien avec l’environnement, l’agrandissement donne forme au concept de connectivité et favorise la transition des apprentissages pédagogiques et éducatifs en expériences de vie.

La cour extérieure adjacente à la montagne agit comme une articulation supplémentaire du lien entre nature et cadre bâti. Ce lieu commun, valorisé et protégé, agit comme un sanctuaire pour se retrouver, en groupe ou avec soi. Par une mise en valeur du site, cette proposition architecturale offre une séquence de moments riches, permettant une connexion humaine réelle et une mise en valeur de la nature florissante qui l’entoure.